Ray

"Ray", film de Taylor Hackford sur Ray Charles. C'est beau comme la tragédie antique, les larmes coulent sans qu'on cherche à les retenir. Ray Charles était aveugle comme Oedipe, par culpabilité - enfant, il avait assisté sans comprendre à la noyade de son petit frère dans une bassine de lessive, et l'année suivante il perdit peu à peu la vue. Mais, en bon Américain, il a toujours obéi aux dernières volontés de sa mère : "ne laisse  jamais personne te traiter en handicapé". La scène que j'ai préférée : dans le studio d'Atlantic, derrière la vitre, directeur, technicien et agent comprennent brusquement qu'ils ont découvert un génie, en écoutant "Mess around". C'est aussi une description passionnante de l'Amérique, des autobus "greyhounds" avec les "colored" assis au fond, aux hommes d'affaires des studios Atlantic puis ABC, des petites combines aux villas de Beverly Hills - sans oublier la drogue, les trahisons et les victoires. A la fin, quand vient le générique et "Unchain my heart", on est cloué à son siège, et si c'était un DVD, on le repasserait.