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A mon humble avis
23 mars 2005

Déception, vérité, mensonge

"Ne gênez pas le bourreau" d'Alexandra Marinina (éd du Seuil) est une déception. C'est interminable et confus. Je l'ai lu par amitié pour l'auteur et j'ai aimé quelques digressions, sur la recherche (policière) de la vérité et sur la littérature, et pour la description de la vie en Russie aujourd'hui, mais je dois avouer que c'est très mauvais. Tous ces cafés solubles finissent par rester sur l'estomac. Cependant, l'idée était bonne (des meurtres commis sous hypnose).

Comment distinguer la vérité du mensonge, dans les interrogatoires policiers? D'après l'héroïne (Anastasia Kamenskaïa), il faut se demander pourquoi la personne dit certaines choses, et à partir de là (et non du contenu de ce qu'elle dit) on peut distinguer si c'est -ou non- la vérité.

J'ai une expérience très différente. Je détecte la vérité non pas en m'interrogeant sur celui qui parle, mais à partir de moi-même. Si ce qui est dit me met dans un état de malaise et de pitié dédaigneuse pour la personne qui parle, il y a des chances pour que ce soit vrai. "Le père Noël n'existe pas, c'est les parents" m'a dit un jour une cousine de cinq ans - j'en avais sept - et je n'ai eu que mépris pour cette information. Et quand, plus tard, j'ai éclairci ce point capital, je n'ai eu aucune reconnaissance rétroactive pour ma cousine - pas plus que de remords pour mon mépris à son égard.

Quant au mensonge, soit je le reconnais immédiatement comme tel (ainsi les démentis politiques qui expriment la vérité à l'envers), soit je le tiens pour vrai sans m'interroger. Le mensonge, c'est ce qui ne me déstabilise pas.

La vérité, la plupart du temps, dérange. Pour la déceler, je me réfère à l'expérience fondatrice de la révélation de ma cousine et quand, à l'occasion, je retrouve en moi les sentiments que cette révélation avait suscités, je me dis : il doit y avoir du vrai là dedans. Tel fut le cas quand mon frère m'apprit que mon père n'avait plus que quelques jours à vivre : dix ans après, alors que mon frère avait raison, je lui en veux encore. J'ai le même sentiment quand je m'aperçois que j'ai cru à une calomnie. Au fond, je regrette que le mensonge auquel j'ai cru ne soit pas vrai et en même temps, j'ai honte d'y avoir cru.

Je me demande si je ferais un bon enquêteur de police ? Je ne crois pas, mes critères sont trop personnels. En attendant, ils me servent, dans la vie de tous les jours, à discerner qui ment et qui dit vrai. Non sans erreurs, toujours intéressantes à analyser.

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